Il faisait noir..comme toujours..de tout temps..
Nous marchons côte à côte .. dans la rue vide étroite ..
Sous le ciel sans étoiles, le bruit de nos pas dépêchés sur les pavés, ponctuait le silence ténébreux d’une belle cadence..
et nos cœurs écoutaient dans le néant, comme rassurés..
A droite et à gauche, se dressaient sur les murs épais, des silhouettes obscures.. Effrayée, j’appuyai fortement sur mes paupières.. la chaleur de sa petite main me rassura..les yeux fermés.. nous accélérâmes le pas..
Nous nous arrêtâmes essoufflées devant la haute muraille qui encerclait la ville.. je levai mes yeux vers la grande porte, lourde, rouillée, fermée de tout temps..
Des éclats étranges éblouissent mes yeux.. Emerveillée, j’avançai avec peur .. Le désir de franchir la muraille me hanta alors..mais la peur d’aller à l’au-delà de la ville m’immobilisa..
Une larme a fait tressaillir mon cœur.. j’ai eu froid.. j’ai cherché sa main pour me le réchauffer un peu..puis posai un œil hésitant devant le vieux trou creusé dans le cèdre de la porte..
et je regardai..
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Un ciel nocturne légèrement coloré.. un horizon sans fin.. des étoiles à perte de vue..le souffle me se coupa..
Observant mon étourdissement, la nuit m’a souri en soulevant sa robe étoilée…tandis que de loin, le soleil avançait courtois, dans son humble cortège, repeignant la voûte céleste avec des pinceaux colorés… la lumière jaillissait alors de partout.. deux tourterelles exécutaient au loin une danse enchantée.. Le spectacle me ravit.
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« âmes tristes..pourquoi restez-vous là-bas? venez ici! »
s’éleva soudainement une petite voix de l’autre côté de la muraille. Dérangée, je jetai un regard inquiet à travers la déchirure de la porte. Un petit garçon au regard étrangement doux souriait..
« ouvrez cette porte et venez jouer avec moi!
c’est si beau ici..
vous avez le cœur gros..
et je suis le guérisseur des âmes anéanties«
Choquée par sa révélation, j’ai détaché mon regard du trou de la porte et reculai terrifiée, comme pour me protéger de ses mots..Une grande peur s’installa..
« qui est-il????d’où vient-il????que veut t-il????«
Mille questions se bousculèrent aussitôt dans ma tête..attisées par la peur nourries par l’obscurité éternelle. J’essayai de me calmer un peu et me pressai de rebrousser chemin.
« il fait très beau ici..le ciel est teinté de mille lumières..Revenez!«
De nouveau, je me trouvais immobilisée par la voix..une curiosité furieuse a pris aussitôt place, suffisamment intense pour réchauffer mon cœur refroidi par la peur et faire avancer mes pas de nouveau vers la grande porte.
« n’avez-vous pas envie de sentir les brises douces de l’éveil caresser vos visages.. les rayons colorés réchauffer vos cœurs.. l’air frais embaumer vos cheveux? regardez le soleil nous saluer de l’autre part de l’horizon..venez avant qu’il ne soit trop tard!«
…………..
« petit garçon, répondais-je enfin, tu as l’air bien gentil et aimable mais nous ne pouvons pas franchir cette muraille. N’as-tu pas vu comment elle est faite de mille pierres??? nous ne pouvons pas ouvrir cette porte. N’as-tu pas vu la poussière rouillée tapisser ses serrures???? Je suis une habituée des ténèbres et j’ai peur qu’une fois dehors, la lumière chaude ne vienne brûler mon cœur, et que les brises matinales ne blessent ma peau. Je me contenterai de contempler d’ici le ciel coloré..j’ai trop peur pour franchir cette haute muraille..j’ai trop peur pour ouvrir cette lourde porte..«
…………..
« cette porte est lourde de vos chagrins..! cette muraille est haute de vos craintes..!, s’écria le petit garçon, Oubliez vos craintes et vos chagrins et avancez..la lumière saura panser toutes vos blessures! Venez..venez quand vous voulez..le soleil m’appelle..je déteste les pénombres, j’irai danser avec les lumières..venez danser quand vous voulez »
Il dit ceci et s’éloigna en s’envolant vers l’horizon aux mille couleurs, laissant mon cœur en désarroi..
Étais-je entrain de rêver??????
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Une brise froide légèrement parfumée vint caresser mon visage et chuchota un mot dans mon oreille.
Les yeux fermés, j’inspirai un grand coup et sentis le calme s’installer enfin.
J’avançai de nouveau vers la porte….
Amɘelle